Je
me souviens des riches heures passées dans les musées. Sur
des parements décoratifs, je lisais les mots de Charles
Baudelaire qui
disaient son
goût pour le calme, la volupté des lignes claires et
reposées. Dans
ces silences de province, je dessinais tout
entier accaparé par
l'étude des courbes et des proportions.
Bientôt
je compris qu'il s'agissait aussi de figurer ce qui échappe au
contour, de
faire place aux repentirs pour que surgisse l'inattendu.
Chaque
croquis, qu'il soit saisi dans un musée, dans un square, une
rue, une ruine, possède une vie singulière. Après
le premier jet il rejoint le stock dans un carton à dessin. Période
de purgatoire nécessaire au milieu de ses semblables.
Lorsqu'on les tire de cet oubli, les maladresses, les défauts de chacun
sautent alors aux yeux. C'est
le moment d’opérer un tri entre les
« condamnés » et les « rescapés ». Pour
ces derniers s'ouvrent les travaux de repentirs de toute sortes.Tous
pour autant n'y survivront pas... Mais
pour chacun d'entre eux j'aurais beaucoup tenté avant de me
résoudre à les déchirer...
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